Le directeur général d’une grande mutuelle française a fait le lien clair entre action santé dans les entrepises et baisse de l’absentéisme, comme il nous l’indique dans cet interview du journal « L’Opinion »
SOURCE: https://www.lopinion.fr/edition/economie/christophe-scherrer-l-absenteisme-a-baisse-13-dans-entreprises-dotees-182509
Qu’est-ce qui a poussé, il y a dix ans, Malakoff Médéric, devenu aujourd’hui Malakoff Médéric Humanis, à s’intéresser à l’absentéisme au travail ?
Nous nous sommes dit que nous devions passer d’une approche purement assurantielle à une logique davantage axée sur la prévention. Pour identifier et évaluer les déterminants de la santé en général, et de la santé au travail en particulier, nous menons depuis dix ans des études et des baromètres annuels sur le sujet. Nous avons été précurseurs en la matière. Ces études nous ont permis de concevoir et de déployer une démarche qui consiste à associer aux garanties d’assurance des services de prévention et d’accompagnement, pour conjuguer santé au travail et performance de l’entreprise. La maîtrise de l’absentéisme est l’un des programmes clés de cette démarche qui nous permet de nous différencier sur un marché marqué par un environnement réglementaire contraint et une concurrence accrue.
Les entreprises ont-elles facilement adhéré à votre démarche ?
Nous avions conscience d’aller sur un terrain où l’on ne nous attendait pas nécessairement. Nous avons commencé par travailler avec nos clients grands groupes. Puis nous avons décliné notre approche aux branches professionnelles et aux entreprises de taille plus petite. L’absentéisme, sujet de préoccupation pour 56 % des entreprises, est difficile à appréhender, car l’origine des arrêts est multifactorielle. Notre programme démarre par une phase d’audit : évaluation des coûts et analyse des causes de l’absentéisme. Ce diagnostic permet aux entreprises de se comparer aux entreprises de même taille, de même secteur, ou situées dans le même bassin d’emploi. Ce type de benchmark aide généralement les chefs d’entreprise à prendre conscience du phénomène. La démarche nous permet de mettre en évidence des problématiques propres à l’entreprise et de bâtir un plan d’actions adapté. Ces travaux sont menés par notre équipe de 50 consultants spécialisés en prévention, en collaboration avec la DRH et les représentants du personnel des entreprises clientes.
Comment procédez-vous concrètement ?
Le plan d’action mis en œuvre doit être pluriannuel – trois ans en général – avec des points d’étape chaque année. L’entreprise doit s’engager dans la durée pour qu’il soit efficace. En fonction des besoins et objectifs, nous mettons en place des programmes de prévention des risques psychosociaux ou des troubles musculo-squelettiques, des campagnes de dépistage et de vaccination, du coaching santé, un dispositif de télémédecine au sein de l’entreprise, des services d’aide au retour à l’emploi ou d’accompagnement des aidants. Au total, nous proposons une trentaine de services.
Les résultats sont probants. Une étude statistique, réalisée entre 2011 et 2016, montre que les entreprises qui ont mis en œuvre des plans d’actions ont vu leur taux d’absentéisme baisser de 13 %, alors que celles qui n’ont rien mis en place ont vu ce taux progresser de 15 %. Soit un écart de 28 points en cinq ans !
Quel est le coût pour l’entreprise ?
Prévenir l’absentéisme impacte directement la sinistralité dans l’entreprise. L’entreprise peut alors négocier une baisse des cotisations ou obtenir des garanties et des services supplémentaires pour un budget équivalent. Rares sont ceux qui souhaitent une diminution des garanties. Par ailleurs, nous prenons en compte l’utilisation de nos services dans notre approche tarifaire : nous pouvons revoir à la baisse le montant du contrat si l’entreprise s’engage à mettre en œuvre les programmes de prévention que nous recommandons.